Le yoga-sutra de Patanjali (texte de référence dans le yoga) nous présente dans le second chapitre un cadre à la pratique du yoga. Ce passage nous explique 8 outils qui sont des moyens de transformation sur notre chemin. Mais avant de parler technique, ce chapitre nous questionne sur notre façon d’être en relation.
Les yama et niyama, un cadre relationnel
Les relations que nous entretenons avec les autres sont-elles harmonieuses ? Sont-elles empreintes de bienveillance, d’authenticité, de probité, de modération et libres de toute cupidité ? Le yoga-sutra, plutôt que de nous donner des réponses, nous interroge, nous suggérant de méditer sur notre attitude au monde. Ce sont les yama, présentés comme des réfrènements.
Ensuite, le texte nous présente la discipline personnelle, les niyama, et nous encourage à cultiver la pureté, le contentement, à pratiquer avec régularité, à étudier les textes et à ne pas nourrir l’ego.
C’est seulement après que Patanjali nous parle de la posture de yoga sans nous décrire une seule des postures qui font le quotidien de la pratique sur le tapis. Non, il nous dit simplement que la posture de yoga idéale, celle qui mène à la sagesse, est un condensé d’effort intense et de profonde détente, les deux en même temps. Belle énigme à résoudre sur le tapis. Ensuite, Patanjali nous dit que la respiration durant la pratique doit être subtile et allongée et il nous conseille de nous y intéresser de près.
Loin de décrire des postures, ce texte nous enjoint à nous interroger sur tous les aspects de notre vie. Mais alors que faire de ce cadre appelé les 8 membres du yoga ? Une piste serait de prendre tout cela comme des outils à notre disposition. L’outil relationnel (yama), individuel (niyama), postural (âsana), respiratoire (prânâyâma), sensible(pratyâhâra) et méditatif (samâdhi). Et, de tous ces outils Patanjali commence par la relation aux autres c’est dire si c’est important.
Une relation de cœur
La question qui nous est posée est : comment avoir une relation de cœur avec chacune des différentes personnes que nous côtoyons quotidiennement ? Quand je dis relation de cœur j’entends, libre de violence, authentique, sans prise de pouvoir… Pas simple car à certains moments nous sommes aux prises avec nos ruminations, sans disponibilité et à d’autres moments, notre esprit est joyeux, ouvert et claire. Sans compter d’infinies possibilités entre ces deux modalités.
Il est difficile d’être ajusté en permanence, d’avoir la bonne attitude à chaque instant avec chacun car nous sommes en perpétuel changement.
Le yoga nous propose un profond travail de nettoyage et d’apaisement par les techniques posturales, respiratoires et méditatives. Mais cela ne va pas sans un profond travail de réflexion sur soi, de questionnement sur soi accompagné par un professeur ou un psychologue. Les yama et niyama sont le cadre de cette interrogation profonde par laquelle le yogi et la yogini doivent passer. Ce n’est pas une moralisation de la vie du pratiquant, non, c’est une ascèse comme l’est la pratique des postures, des respirations ou des méditations. Oui une ascèse dans le sens ou c’est tous les jours que nous devons réfléchir à notre attitude avec les autres. Et c’est de ce profond questionnement allié à une pratique posturale, respiratoire et méditative que nait une réelle présence de cœur au monde. Nous voudrions parfois uniquement jouir des effets et bienfaits de la pratique mais Patanjali nous enjoint à nous questionner afin d’éviter cet écueil. Il nous dit clairement que nous ne pouvons pas faire l’économie de ce travail d’introspection.
Un profond changement intérieur ne se fait pas sans les différentes ascèses que nous propose le yoga sutra de Patanjali. L’ascèse posturale, respiratoire, méditative et en premier lieu, l’ascèse introspective sur notre attitude relationnelle et personnelle.
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