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Transmettre le yoga et faire avec le réel.


Le yoga est une transmission qui passe par l’expérimentation du corps, du souffle et du mental dans des postures, des silences. Pour le professeur, il s’agit de transmettre ce que le yoga lui a fait expérimenter. Tout l’art de la transmission du yoga est là. N’enseigner que des enchaînements ou bien seulement des postures, serait bien plus simple, et la formation des professeurs de yoga serait bien plus courte.


Transmettre.

La transmission du yoga consiste en la transmission d’un état. (Gérard Blitz). Cela sous-entend le vécu du transmetteur (le professeur) et sa subjectivité, d’un côté. Et de l’autre, la motivation, la disponibilité et l’écoute du récepteur (le pratiquant). Pour cela, il faut du temps, celui de l’expérience et la répétition de celle-ci. Il n’y a donc là rien à montrer ou à démontrer. Il y a simplement une proposition à faire, une direction à donner, le reste se fait ou pas. Et c’est à cet endroit que l’on peut parler de transmission. Jacques Lacan nous dit « transmettre, c’est transmettre de l’impossible à transmettre » C’est magnifique, il n’y a rien à maîtriser, juste proposer une expérience…


Faire avec le réel.

Pour le professeur, montrer ou expliquer une posture, préciser les appuis, les zones à étirer, la position du buste, de la tête dans l’espace… en somme copier une forme, c’est ce qu’on appelle enseigner le yoga. C’est la partie immergée de l’iceberg qui s’efforce de coller à une image visible et tangible de ce qu’est la posture de yoga. Qui, poussée à son paroxysme, aboutirait à la meilleure version de soi-même. Mais la proposition du yoga va bien au-delà, au-delà des formes, des démonstrations, du positionnement précis dans l’espace. Transmettre le yoga c’est faire une proposition qui elle, fait avec le réel. Se coltiner le réel (se coltiner son tapis dit Michel Alibert). Mais le réel n’est pas toujours agréable, il a ses limites, ses bobos, ses bosses, ses creux. Il y a ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas…pour l’instant. Se coltiner le réel c’est faire avec la matière, qui est là maintenant, ce corps limité, ce souffle parfois court, ce mental souvent trop plein. Faire avec le réel, ce n’est parfois pas agréable.


Aller vers une connexion.

Faire avec le réel c’est aussi, faire avec un corps idéalisé comme souple mais qui a ses raideurs. Faire avec une respiration qui devrait apaiser mais bien souvent, ne calme pas. Faire avec un mental qui, idéalement, méditerait comme ça facilement mais qui en réalité n’arrive pas à rester concentré bien longtemps. Pratiquer le yoga consiste donc en une succession de renoncements de nos idéaux. Mais ne sommes-nous pas dans une pratique de bien-être me direz-vous ? Si l’objectif n’est pas, de se sentir bien, alors à quoi bon aller sur le tapis ? Bien sûr, le yoga crée un sentiment de bien-être, la pratique nous fait aller mieux, fait qu’on se sent bien mais, à long terme, ce chemin n’est pas un long fleuve tranquille. L’objectif du yoga est bien au-delà du bien-être, c’est se connecter à ce qu’il y a de plus profond en nous, de plus lumineux, de plus divin nous disent les textes. Et, c’est à cet endroit-là que le yoga devient une spiritualité, ce n’est pas par des pratiques aux relents new âge que le yoga est spirituel, c’est dans ses fondamentaux.


Vers plus de conscience.

Nombreux sont les écueils sur le chemin. Croire qu’on est arrivé, que nous avons acquis tel ou tel bien fait ou état… Tout peut s’arrêter si nous nous satisfaisons des acquis ou que la frustration de ne pas avoir ce à quoi nous nous attendions s’en mêle. Il y aura donc des moments délicats à passer, des épreuves, des moments de doute. Mais ces moments de doute se dépassent par l’accompagnement d’un professeur qui supervise notre pratique et nous accompagne tout au long du chemin. Sortons de cette croyance que le yoga c’est être zen. Le yoga est un cheminement vers plus de conscience de soi jusqu’à la conscience de l’ultime, celle du divin en soi. Et comme il s’agit de se décharger encore et encore de ce qui encombre, et empêche, de ce que nous engrammons quotidiennement, le chemin est long…


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